Encore un autre visage du Mexique

Publié le par Nicolas Bosshardt

Après le Mexique des plages, celui des pyramides, des marchés d'artisanat, des grandes villes, après le Mexique historico touristique, je me suis plongé dans le Mexique profond pendant une semaine !

Toutes les photos attachées à cet article sont ici

Mexique profond ? Je m'explique. Il y a quelques mois de ça, un ami m'a proposé d'intégrer son association de service social (voir encadré plus bas) en me disant qu'on partirait une semaine en mission dans un village retiré. L'idée m'a tout de suite plu, et j'avoue que l'expérience n'a pas été sans me rappeler mes camps Scouts ! Nous avons donc passé une semaine dans un village dans les montagnes, sans électricité, à nous baigner dans la rivière, à manger les produits locaux (haricots, feuilles de cactus et délicieuses tortillas maison, les meilleures que j'ai goutées jusqu'ici !) et à dormir sur le sol d'une chapelle.

 


Samedi 15 mars. Après plusieurs réunions de préparation ces dernières semaines, j'ai pris le départ avec mon groupe de mission, ou Fraternité comme ils disent, ça donne tout de suite le ton ! Direction le Sud à Aramberri , à 6 heures de Monterrey en bus.

Une fois arrivé, il nous restait à parcourir 1h30 de piste en dans la benne d'un 4x4 avec toutes nos affaires, pour finalement rejoindre le village de Fracción del Río.

 

Le service social, devoir de l'étudiant mexicain

Tout bon étudiant mexicain vous dira où il en est de ses heures de service social : le TEC exige que ses élèves effectuent un quota d'heures pendant leur cursus, réparties entre pratique professionnelle et service social, la moitié de ces heures au moins devant être dédiée au service social. Une façon intelligente d'aider le pays à se développer, d'aider les communautés moins fortunées et de mélanger les classes (certains ouvrent les yeux sur leur propre pays). Les étudiants ont le choix du projet social qu'ils vont entreprendre : enfants, personnes âgées, villages retirés, etc. etc. Les associations de service social sont animées par des étudiants volontaires.

L'objectif de cette semaine : apporter un soutien moral au village, une présence, être là pour célébrer des messes quotidiennes (qu'ils n'ont pas en temps normal car le père ne vient que quelques fois par an pour régler des problèmes entre les communautés, NB : nous n'y sommes pas allés pour évangéliser, puisque ces communautés sont déjà chrétiennes). Nous étions là pour faire jouer les enfants, discuter avec les parents et les anciens, animer le village avec des sketchs, jeux, ateliers, danses, partager les repas, jouer de la musique…

Les sourires étaient notre meilleure récompense et je crois que nous sommes rentrés avec une belle collection ! Les habitants de Fracción del Río n'ont presque rien mais nous ont tout donné.

 

Et comme le village se couche avec le soleil, les soirées étaient consacrées à des activités entre nous « missionnaires » au coin du feu. L'une d'entre elles consistait à révéler les traits de caractère des autres : disposés en cercle les yeux bandés, une personne en désigne plusieurs autres et prononce un trait de caractère (par ex, la maturité). Puis, les personnes désignées se découvrent les yeux et vont toucher la tête de quelqu'un qui représente pour eux, cette caractéristique. Un jeu au cours duquel on peut découvrir des choses qu'on n'aurait pas pensées de soi !

 

 

 

 
Cette virée a été une nouvelle étape dans la connaissance mais surtout dans la compréhension et la façon de vivre ma religion. Loin des rituels et traditions trop souvent devenus automatiques et dénués de sens, les temps de réflexion ont au contraire été comme un plongeon à l'intérieur de soi, où l'on rencontre Dieu et l'on discute avec lui autour d'un verre. Loin des artifices et la de folie de la ville, j'ai pris conscience à quel point on s'éloigne parfois de nous-mêmes.

 

Un jour, je suis allé rendre visite avec d'autres « misioneros » à une vielle dame assez éloignée des autres maisons – Paula de son nom – pour lui apporter de l'eau potable et lui lire un passage de la Bible. J'ai expliqué à Paula que je viens de France, et là elle m'a demandé si là-bas m'attendait une « Francesita » = une petite française ! Depuis, Cécile est donc mieux connue sous le nom de la Francesita !

Paula

 

Chaque jour de la Semaine Sainte avait son thème (foi, conversion, salvation, pardon, pêché, amour de Dieu, etc.) et le jour consacré au pardon a été l'occasion d'amener les gens du village à faire table rase de leurs conflits et tensions - dont ils nous avaient fait part. Nous avons ainsi fait un feu et leur avons proposé d'écrire un mot qu'ils pourraient ensuite brûler. J'aurais voulu prendre une photo, mais il est des occasions trop délicates. Ces mains qui déposaient entre les bûches enflammées, des papiers remplis de mots qui je l'espère, portaient un message fort, j'aurais voulu les immortaliser.

Vendredi Saint, nous avons fait un chemin de croix en rejouant les moments forts de chaque arrêt. J'ai eu l'occasion de jouer Simon en aidant Jésus à porter sa croix jusqu'au bout, puis ai joué le crucifié à côté de Jésus qui demande la salvation de son âme.

Le jour de la mort du Christ nous avons fait une messe et un temps de réflexion en silence/musique toute la soirée, où l'émotion se faisait sentir par quelques pleurs.

 

Vraiment, je n'aurais pas pu utiliser ma semaine de vacances de Semana Santa d'une meilleure façon. Comme m'ont dit mes amis du groupe de mission : « Nico, tu as vu le cœur du Mexique, tu es entré dans le vrai Mexique ! ».

 

 

 

 

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